Bouquin en cours.
Microfictions de
Régis Jauffret. Livre monstre est-il dit en 4e. Accroche on ne peut plus clair. Un vrai pavé. Dans la mare, en pleine poire. Knock-out out à chaque "deux pages". Mais, je ne peux m'empêcher de vous inviter à goûter à ces mignardises humaines en forme de petits cafards du quotidien. La décadence côtoie l'horreur absolue au fil de ce millier de pages.
Le cynisme et l'humour noir ont trouvé leur maître. Méfiez vous, la nausée n'est jamais très loin et la route est longue. 500 histoires courtes. Ultra percutantes. A vous triturer la prunelle, la cervelle au scalpel.
Régis Jauffret dans le détail « Je est tout le monde et n'importe qui. » Une mise en bouche... La première. Soft.
Albert Londres
Nous avons filmé ces scènes de torture et de meurtre afin d'en dénoncer le caractère intolérable et la barbarie. Vous ne pouvez pas reprocher à une chaîne d'information de montrer la réalité. S'il est bien évident que nous blâmons leur conduite, nous devons aussi rendre hommage à ces tortionnaires de nous avoir permis d'apprécier à sa juste valeur le prix du bien-être et de la vie.
Lire la suite... Il est vrai que nous nous sommes rapprochés d'eux peu à peu.
— Ils sont devenus pour ainsi dire des relations de travail.
Et en définitive nous avons noué avec certains des liens d'amitié. Ils nous ont aidés dans notre tâche, évitant par exemple de faire exploser les otages, ce qui se serait traduit à l'image par une épaisse fumée monochrome peu propice à l'accroissement de l'audimat.
— L'exécution des enfants apitoyait les classes supérieures comme les plus mal lotis.
Nous allions jusqu'à drainer plusieurs millions de téléspectateurs en plein milieu de la nuit. Mais ces pratiques déplaisaient aux annonceurs, qui redoutaient notamment une atteinte à l'image de marque de leurs produits pour bébés.
— Nous leur avons donc demandé de les épargner.
Nombre de gamins nous doivent la vie, même s'ils restent toujours détenus dans des caves et des carrières désaffectées, dont par déontologie nous refuserons toujours de révéler l'emplacement aux services de police.
— On nous reproche d'avoir filmé avec une complaisance particulière la torture des femmes.
Je vous rappelle malgré tout que plusieurs membres de notre équipe étaient de sexe féminin, et que notre directrice de rédaction est venue sur place pour se rendre compte de visu du sérieux de notre job. Elle a pu constater que même si on ne leur infligeait pas un traitement plus rude, les femmes avaient un cri aigu, perçant, et pleuraient à la première décharge électrique.
— Nous les avons filmées avec respect et affection.
Protégeant de surcroît leur pudeur en demandant qu'un filet soit tendu devant leur poitrine, afin que les téléspectateurs ne puissent rien voir de leurs mamelons dévastés.
— Mais nous ne pouvions tout de même pas exiger qu'on les torture sous anesthésie.
En bref, nous sommes fiers de cette série de reportages qui font honneur à notre profession. S'il était encore de ce monde, Albert Londres aurait été des nôtres. En participant à cette grande aventure journalistique.
— Il nous aurait servi de caution morale.
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2 commentaires:
Et dire qu'on a raté la nuit blanche à Paris pendant laquelle se donnait l'adaptation au théâtre, avec photos d'anonymes à l'appui. Bouffre.
Je vais éviter l'investissement: l'extrait choisi soulève une certaine colère: enfoiré de journaliste!am
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